La "data" et le retour, clés de voûte du programme BEST

13 juin 2022

Projet transversal, BEST intègre plusieurs parties prenantes, qui travaillent notamment sur la collecte de données et l'amélioration du retour de service.

Le service, le retour, la FFT, des universités, des entreprises privées… Le programme BEST (qui vise à optimiser les performances des joueurs français grâce à l’utilisation de technologies novatrices) est un projet aux nombreux contours et aux multiples facettes. Parmi celles-ci, la collecte de datas (données techniques) occupe une place non négligeable.

L’objectif de cette collecte ? "Donner des outils d’analyse aux joueurs français pour préparer les matchs, en leur fournissant une meilleure analyse du jeu adverse. Et dans un deuxième temps, comprendre comment gêner ce jeu adverse" explique Philip Mauerhofer, dirigeant de Tennis Stat, une start-up spécialisée dans l'analyse statistique et vidéo du tennis de haut niveau.

Le logiciel de l'entreprise est ainsi capable de créer des données sur un match de tennis, grâce à un algorithme d’intelligence artificielle qui "encode" une rencontre à travers une vidéo. On retrouve cette technologie, appelée computer vision, derrière les applications de reconnaissance faciale et le développement des voitures autonomes.

© FFT / Christophe Guibbaud

Pauline Déroulède a participé en avril au programme BEST.

À terme, une multitude de statistiques pourront être ainsi fournies aux joueurs : vitesse de balle, efficacité des différentes zones... "Mais aussi des statistiques de 2e niveau, sur les séquences de jeu et des marqueurs en termes de qualité de coup. Quand les balles arrivent croisées, est-ce qu’elles reviennent décroisées ? Dans quelle partie du terrain une balle liftée est-elle plus ou moins dangereuse ?" liste Philip Mauerhofer.

En attendant la suite du programme BEST, le dirigeant et son équipe suivent plusieurs joueurs pour les "éduquer" à la data, grâce à une base de données créée de façon manuelle mais déjà particulièrement large (5000 matchs analysés par an).

À la recherche des millisecondes au retour...

Ceci étant, et comme l’explique Cyril Brechbuhl, référent technique à la FFT, "l’idée de BEST n’est pas simplement de faire parler des chiffres mais de comprendre comment fonctionne un joueur".

C’est à cette tâche que s’attelle une autre facette du programme. On se place ici du point de vue du receveur en service. "Notre but est d'identifier les états d’attention les plus propices à la réception de service pour trouver les quelques millisecondes qui séparent un retour en position difficile d’une frappe efficace, souligne Robin Baurès, professeur à l’université Toulouse III - Paul Sabatier et qui travaille en collaboration avec la FFT pour le projet BEST.

Cette partie du programme repose sur deux axes. Le premier, plus technique, consiste à identifier les marqueurs (rythmes cardiaque et respiratoire, nombre de mouvements oculaires, activité électrique du muscle) qui exercent une influence sur la qualité de retour. Pour chaque joueur associé dans le projet, le programme va tenter de trouver la combinaison de marqueurs permettant une réception de qualité.

© FFT / Marine Andrieux

Les nouvelles technologies sont au cœur du programme.

Le second axe, plus appliqué, vise à aider les joueurs à atteindre ces combinaisons de marqueurs, grâce à des techniques de neurofeedback (retour sur les états de conscience).

Un des partenaires de cette partie toulousaine du projet BEST se trouve d'ailleurs être SUPAERO, leader mondial de l'enseignement de l'aérospatiale, dont les techniques sont mises en place dans les cabines de pilotage afin que les pilote apprennent à focaliser leur attention malgré des perturbations sonores ou visuelles.

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Mais quid du calendrier ? Du côté toulousain, les appareils ont déjà été testés sur des joueurs locaux du top 300 juniors, pour se mettre en conditions réelles. "Sur la partie tennis, nous sommes dans la préparation du programme. Nous avons bon espoir de commencer une première phase en mai-juin, et ensuite, d’aller au CNE une ou deux fois par an pour effectuer une batterie de tests, et donner un compte-rendu personnalisé à chaque joueur" précise Robin Baurès.

Et l'enseignant de conclure : "Le but n’est pas de produire des connaissances scientifiques mais d’utiliser les nouvelles connaissances scientifiques afin d’améliorer les résultats sportifs. La réussite de ce projet se mesurera donc au nombre de médailles rapportées aux Jeux Olympiques".