Louis Quennessen, le tennis dans la peau

10 octobre 2020

Le licencié du Mont-Saint Aignan Tennis Club, immense fan de tennis, a tapé la balle avec de nombreuses stars de la raquette durant ce Roland-Garros.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Louis Quennessen, j'ai 33 ans. Je suis licencié au Mont-Saint Aignan Tennis Club. Je suis actuellement -15, et mon meilleur classement a été n°78 français.

J’ai été dans les 100 meilleurs français pendant plusieurs années... entre 6 et 7 ans je dirais. Puis une blessure à l’épaule m'a freiné. 

Comment vous sentez-vous aujourd'hui ?

Quand on est blessé, c’est bien sûr compliqué de jouer à 100%. J’essaye de garder un physique et un fond de jeu, malgré les opérations au poignet et à l'épaule de cette année. Là, ça va un peu mieux.

Au quotidien, je fais des CNGT et des tournois classiques. Je sillonne tout le quart nord-ouest de la France : Normandie, Picardie, région parisienne.

© FFT / Pauline Ballet

Sur le court n°2, à Roland-Garros.

Vous avez percé relativement tard. Comment l'expliquez-vous ?

Je n’étais pas très bon étant très jeune. Je suis issu d’un petit club, au bord de la mer, dans un village de 2500 habitants.

Je suis vite devenu le meilleur du collège, du lycée, mais je suis resté dans mon petit coin. J’étais classé 5/6 quand j'ai eu mon bac.

Puis je suis parti à Rouen pour les études. J’ai alors rencontré plus de joueurs, le niveau était nettement plus relevé.

Je me suis investi davantage, et il y avait du répondant en face. Je me suis amélioré très progressivement, c'était un travail de longue haleine.

Quand j’étais gosse, je ne tirais pas de plan sur la comète. Je me disais qu'être -30 serait déjà fantastique.

Que représente le tennis pour vous ?

Tout ! Je suis un passionné, jusqu’à ma mort. Mes parents jouent, ma sœur aussi.

Dès qu'il y a un tournoi, je suis comme un fou. Ma vie tourne autour du tennis je ne pourrais jamais m’en passer.

Je le vis pour moi, mais aussi à travers les autres. Dès qu’il y a un copain, une copine, à aller supporter, j'y vais tout de suite. C’est une drogue.

Comment vivez-vous votre expérience de sparring-partner à Roland-Garros ?

C’est la troisième fois que je fais sparring à Roland-Garros. On ne peut pas rêver mieux. Je suis super content d’être là, c’est un plaisir de revenir tous les ans.

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Il y a quelques jours, j’ai joué avec Djoko. Pfff... il y avait une pression de fou ! J'étais tellement tendu. Mais il m’a super bien accueilli, il était très cool. 

Bon après, je suis quand même resté tendu toute la séance. A chaque frappe, je me disais : "ne fais pas de fautes, s'il te plait, la balle, reste dans le court" (rires).

Je suis sorti pas très content de l’entraînement. Mais des copains qui ont regardé m’ont dit que c’était bien...

Et avec Stefanos Tsitsipas, avec qui vous avez joué vendredi ?

Lui, il a une demande particulière : à chaque fois, il veut jouer deux sparrings. Le deuxième avec moi était Yanais Laurent.

Tsitsipas est un joueur très impressionnant, avec une très grosse qualité de frappe. La vitesse, la puissance, l’accélération de poignet sur la fin de geste.... Wahou ! En face, c’est limite même pas drôle pour nous, tellement ça va trop vite. Il y a une classe d’écart monumental. C’est comme un 15/1 qui jouerait face à un 30/3.

Par exemple, avec Djokovic, c’était un peu différent. La séance ressemblait plus à un échauffement, où il ne s’est pas énormément employé. C’était plus du timing, du centrage de balle, jouer long, sans trop d’intensité...

A l'inverse, certains joueurs veulent absolument rentabiliser la demi-heure. Comme Schwartzman qui met énormément d'intensité dès le départ.

Durant votre séance avec Tsitsipas, vous vous avanciez dans le court au service.

Oui, je m’avance dans le court pour lui proposer une qualité de balle de top player. Il a des retours plus compliqués à jouer comme ça.

Je ne sers malheureusement pas aussi bien que Djokovic !  Donc le but est d'essayer de reproduire la qualité de service qui s’approche de celle des meilleurs.

© FFT / Pauline Ballet

Le service dans le court.

Vous avez joué avec beaucoup de joueurs et joueuses cette année ?

J’ai joué avec les 5 quarts de finaliste du tableau messieurs : Sinner, Schwartzman, Djokovic, Tsitsipas et Carreno Busta.

L’an dernier, j’avais beaucoup tapé la balle avec les filles : Simona Halep, Madison Keys, "Vika" Azarenka. Je jouais avec elles quasiment tous les jours. Souvent quand ça se passe bien, les joueurs redemandent le même sparring.

En temps normal, comment se passe la journée d'un sparring-partner ?

On court beaucoup entre plusieurs sites : Roland-Garros, Jean-Bouin et le "petit Jean-Bouin". Je dirais qu'on joue environ 4h / 4h30 maximum par jour. Mais la journée est étalée, et tu passes de longs moments à courir ou à attendre.

Avec les conditions climatiques de cette année, il faut s'acclimater rapidement à la température, prendre quelques minutes pour s’échauffer à chaque fois. Cette année, j’ai l’impression qu’on a un peu moins joué.

Maintenant, j’aimerais bien faire le Rolex Paris Masters. Mais c'est compliqué, il n'y a que 4 sparring à Bercy, alors que nous sommes une douzaine à Roland.

© FFT / Pauline Ballet

Avec Stefanos Tsitsipas.

Comment envisagez-vous l'avenir ?

Ce que je n’ai pas vécu en tant que joueur, car je n'étais sans doute pas assez fort, j’aimerais bien le vivre à travers quelqu’un, un joueur ou une joueuse.

Le tennis est toute ma vie. Je voudrais voir les coulisses des grands tournois partout dans le monde. Peut-être d'abord en tant que sparring, puis en devenant coach. Je pourrais me rapprocher d’une académie, de la Fédération ou de particuliers.

J’aimerais bien d’ici quelques années voir l’envers du décor, être un acteur de la vie du tennis.