Agathe et Enzo, arbitres aux Jeux Olympiques et Paralympiques

E.B.

4 juin 2024

Deux jeunes juges de lignes vont participer à la grande fête de l'olympisme cet été : Enzo officiera aux Jeux olympiques, Agathe aux paralympiques. Présents au stade Roland-Garros pour le tournoi, les deux arbitres nous parlent de ce rendez-vous extraordinaire.

Cartes d'identité

Enzo Rouchdy : 25 ans, 30/5, TC Montesson, A3 (Arbitre National), Chef des Arbitres Badge Blanc

Agathe Brule-Goujon : 18 ans, 15/2, licence hors club au comité 22, arbitre A2

Comment avez-vous découvert le monde de l'arbitrage ?

Agathe : J'ai commencé l'arbitrage en 2019. Un entraîneur du club était formateur et lorsqu'on s'entraînait deux heures le samedi, il nous faisait une demi-heure d'arbitrage. Même dans les petits matchs, orange et vert, j'aimais compter les points. D'une manière générale, j'adore le tennis, je regarde beaucoup de matchs, mes parents aussi. J'aime le côté humain de l'arbitrage, la confiance en soi que ça apporte.

Enzo : J'ai débuté en 2015. J'avais participé à la sélection pour être ramasseur de balles à "Roland" et j'ai été éliminé lors de la dernière étape. J'étais dégoûté, car c'était la dernière fois que je pouvais le faire. Puis trésorier de mon club m'a proposé d'être arbitre pour les championnats de France national 4 à l'époque et de passer une formation. Il m'a dit qu'on pouvait aussi aller à Roland-Garros... C'était mon premier objectif. Puis je me suis pris au jeu, j'ai passé mon niveau 1 et j'ai continué. Cette année, c'est mon 6e "Roland".

Est-ce que vous souhaitez vous spécialiser dans un domaine de l'arbitrage ?

Agathe : Aujourd'hui, je suis de niveau A2. J'aimerais progresser, mais pas tout de suite, j'estime que je n'ai pas le niveau. Quand j'aurais fini mes études, je m'y remettrai. Je voudrais devenir formatrice, c'est vraiment quelque chose qui me plaît.

Enzo : Je suis arbitre de chaise national et aussi chef des arbitres international depuis février. Dans l'arbitrage, il y a plusieurs fonctions : juge arbitre, arbitre de chaise, juge de ligne et chef des arbitres, celui qui gères les arbitres de chaises et juges de ligne. Je n'ai pas envie d'être 100% arbitre de chaise, je me suis donc orienté vers la partie chef des arbitres depuis que j'ai eu mon badge en février. Mon objectif est de faire un Challenger en tant que chef des arbitres. Et comme arbitre de chaise, essayer pourquoi pas d'avoir le badge blanc, le premier niveau international.

Quel est votre métier à côté de l'arbitrage ?

Enzo : J'ai fini mes études, je travaille chez Train Me, la filiale de Décathlon pour les entreprises. J'essaye de m'organiser pour cumuler les deux activités. Heureusement, j'ai un employeur qui travaille dans le sport et qui est très compréhensif !

Agathe : Je viens de débuter mes études supérieures. Je suis en première année de classes prépa, lettres et sciences sociales, à Vannes.

© Agathe Brule-Goujon

À quels tournois avez-vous participé ces derniers mois ?

Enzo : Depuis janvier, j'ai été chef des arbitres sur l'ITF de Créteil et sur le J300 de Beaulieu et arbitre à Croissy-Beaubourg, un "75000$". La première semaine pendant ce Roland-Garros 2024, j'ai été conseiller technique. Concrètement, on conseille et on évalue les juges de ligne. 

Agathe : J'arbitre un peu autour de chez moi. Comme juge de ligne, j'ai fait un ITF 15000$ à Lannion et le WTA 125 de Saint Malo. En tant qu'arbitre de chaise, j'ai été sur les championnats départementaux.

Quels sont vos meilleurs souvenirs en tant qu'arbitres ?

Enzo : À Roland-Garros, je dirais que c'est ma première fois sur le court Philippe-Chatrier, comme beaucoup ! C'était en 2018, avec "Rafa". Au lieu d'être totalement stressé, j'étais à fond, très focus et j'ai vraiment profité. Sur le court, on se concentre au maximum évidemment mais on peut profiter d'un beau point, faire un léger sourire. Nous restons des êtres humains.

Et sinon, j'ai un super souvenir d'un Gasquet-Zverev à Monte-Carlo. Une session de soirée, avec les lumières, c'est rare à Monaco. Le match était dingue.

Agathe : Je n'ai jamais arbitré à Roland, même si je suis venue quatre fois avec mes parents. Là, je viens pour préparer les Jeux Paralympiques et j'ai des étoiles plein les yeux de voir les coulisses, retrouver des copains. Alors comme meilleurs souvenirs, ce serait quand j'ai arbitré la finale du Crit', ça jouait 0 ou -2, ou alors mon premier CNGT en 2022. J'étais touchée qu'on me fasse confiance. Il y a eu aussi mon premier Challenger, à Rennes, avec une équipe fantastique. Puis j'ai participé au trophée national des jeunes arbitres, un moment génial en termes de formation.

© Enzo Rouchdy

Comment avez-vous candidaté pour les Jeux ?

Agathe : Il y avait beaucoup de critères... Je me suis dit : "Agathe, tu ne seras jamais prise mais inscris ton nom sur la liste. Au moins, ils le verront". Et Jean-Patrick (Reydellet, chef des arbitres) m'a appelé une semaine avant les sélections et m'a dit. "Agathe, j'ai vu ton nom, est-ce que ça t'intéresse de faire les paralympiques ? On aimerait bien que tu viennes, il faudrait que tu fasses deux ou trois tournois en plus avant". Je n'arrivais pas y croire ! Puis j'ai reçu la réponse. Le tennis-fauteuil est moins connu donc je ne sais pas s'il y aura la même ambiance. Mais j'ai déjà arbitré du fauteuil en chaise, et j'avais bien aimé. Je suis sûr que ca sera enrichissant en termes professionnels et humains. 

Enzo : J'ai candidaté il y a un an de ça, de manière assez classique. Il y avait des conditions à remplir et je les remplissais. Ça va être un autre tournoi, c'est à Roland... mais ce n'est pas Roland. On arrivera quelques jours avant pour préparer, organiser les réunions, récupérer les tenues, s'assurer que tout est en ordre. Ça a toujours été un rêve de travailler pour les Jeux. Le fait d'être arbitre me permet de vivre ce genre d'émotions. Qu'on soit fans de sport ou pas, c'est quelque chose d'extraordinaire.